Brioude

Une modeste étape de tournée

Brioude semble dès la seconde moitié du XVIIIe siècle une étape sur l’une des routes comiques traversant le Massif central, depuis Lyon jusqu’à Bordeaux, en passant par Saint-Étienne, Saint-Flour, Murat, Aurillac, Rodez et Villefranche-de-Rouergue. Avec ses 5400 habitants entre Révolution et Empire, Brioude est alors l’une des plus petites villes régionales à disposer d’un local pour les troupes de comédiens. Il est toutefois modeste, incommode et peu engageant, mais les artistes professionnels privilégiés installés à Clermont-Ferrand s’y déplacent, en faisant une étape lors de leurs tournées, depuis la capitale auvergnate, entre Riom, Ambert et Aurillac. La ville n’est toutefois qu’une halte bien secondaire tout au long du XIXe siècle, davantage d’ailleurs à l’occasion des déplacements des troupes entre les villes-préfectures cantalienne et altiligérienne qu’entre la cité ponote et Clermont-Ferrand. Le renouvellement des conditions d’accueil des artistes s’opère en 1872 lorsque Brioude se dote d’une nouvelle salle de spectacles. La ville demeure toujours une étape naturelle entre les puys et le Velay ; ainsi en mai 1885, le quotidien Le Petit Clermontois annonce la venue imminente de la troupe de M. Audraud qui achève un séjour d’un mois au Puy-en-Velay.

Une halle moderne des spectacles… dans l’esprit du siècle des Lumières

Le spectacle se donne à voir aujourd’hui à la Halle aux Grains. Après l’écroulement de la Halle aux blés en 1860, une nouvelle halle est bâtie en 1887. Elle sert de marché couvert et de lieu d’animation des décennies durant. En 1992, la Halle aux Grains est intégralement réhabilitée et transformée en salle de spectacle… comme finalement les premiers architectes des Lumières avaient su le faire au XVIIIe siècle ! Halles aux blés et jeux de paume ont très tôt fait le bonheur de ces aménageurs de lieux de spectacle. Dans les années 1760-1780, des salles ont ainsi pu voir le jour dans leurs murs à La Rochelle, Angers, Poitiers, Saint-Quentin, Colmar, Dijon ou encore Montauban. Facilement modulables, ces halles présentent également souvent l’avantage de se dresser en cœur de villes. La salle de la Halle aux Grains accueille désormais jusqu’à 300 spectateurs et présente un équipement complet (large scène, régie technique, loge et espace d’accueil) dont nombreux auraient rêver aux premières heures de la vie théâtrale locale entre Révolution et Empire.