Guéret

Et le spectacle commence… dans une église !

Comme dans d’autres villes du Massif central, c’est bien une chapelle qui est transformée en théâtre. Vendue comme bien national, la chapelle des Pénitents blancs, place des Barnabites, devient la salle de comédie de la ville en 1793. Cinq ans plus tard, en 1798 (thermidor an VI), la municipalité guérétoise entretient l’espoir auprès des comédiens du cru d’une nouvelle salle de spectacles. Rien n’y fait pourtant ! Le modeste théâtre reste ouvert jusqu’en 1828. Il est ensuite détruit en vue d’agrandir la route nationale de Figeac à Montargis.

Un théâtre place Varillas !

Dix ans ! Les Guérétois doivent patienter une décennie complète pour jouir d’un nouvel équipement de spectacle. Le 11 août 1837, la municipalité décide de la construction d’un théâtre moderne sur l’ex-place des Barnabites devenue place Varillas. L’exécution est confiée à Vincent Boullé, architecte de Limoges. C’est trois ans plus tard, le 3 décembre 1840, que la salle est inaugurée. Véritable petite bonbonnière, elle arbore un cadre de scène décoré d’une tresse perlée et d’un lambrequin orné d’instruments de musique, de partitions et de motifs floraux. Les anciennes colonnes à chapiteaux corinthiens du retable de l’autel de la chapelle des Pénitents blancs sont mêmes utilisées pour séparer les loges d’avant-scène ! La construction grève les finances municipales et tous les aménagements espérés ne répondent pas à l’appel ; manquent ainsi un magasin pour les décors et le mobilier et un local pour le logement du portier. Elle accueille jusqu’à 470 spectateurs au milieu du siècle… lorsque les comédiens daignent se déplacer ! Car Guéret se trouve en marge des circuits des troupes théâtrales privilégiées et les directeurs habilités à desservir la Creuse et l’Indre se font souvent porter pâles. Et lorsqu’ils paraissent, comme le bien nommé Monsieur Espérance, en 1844, c’est pour une poignée de représentations seulement. Ainsi le théâtre de Guéret vit-il au rythme des troupes de passage, et ce jusqu’à ce que n’éclate le premier conflit mondial en 1914, moment où il est réquisitionné pour le cantonnement des soldats.

Du spectacle, oui, mais au chaud !
« M. le président expose l’état de vétusté et de dégradation dans lequel se trouve le calorifère du théâtre. Non seulement il est à peu près impossible de chauffer la salle de spectacle, mais encore un incendie pourrait être allumé par les fissures des conduites. M. le président fait ressortir l’urgence des réparations qui s’imposent et invite le conseil à prendre sans plus tarder les mesures que réclame cet état de choses. Le conseil est d’avis que les réparations nécessaires soient immédiatement exécutées et décrites, que la dépense qui en résultera sera prise sur le crédit de 2000 francs affecté à l’entretien des bâtiments en 1896 ».
Délibération municipale, le 29 décembre 1895