Rodez

1000 spectateurs au tribunal civil ruthénois transformé en théâtre !

En 1853, la municipalité de Rodez aménage un théâtre dans l’ancien tribunal civil cédé par le conseil général ; des souscripteurs volontaires ont été associés au projet afin de réunir tous les fonds nécessaires aux travaux. La salle peut alors accueillir 1000 spectateurs. Quoi qu’en mauvais état de l’avis même de l’administration, le bâtiment accueille une salle relativement moderne et éclairée au gaz ; elle propose deux loges d’avant-scène en rez-de-chaussée destinées respectivement au préfet et au maire. C’est un duo composé de M. Mervilles et de M. Bail, réfugié espagnol marié et domicilié en ville, qui en obtient la gestion déléguée à son ouverture en 1854. Les premiers travaux d’entretien débutent en 1885 : les banquettes du rez-de-chaussée et des deuxièmes galeries sont recouvertes d’un tissu tigré et le pourtour des loges du parterre et des galeries tapissé de velours et piqué de clous dorés. Trente ans durant, le rideau est levé à 20h au plus tard et la soirée ne dure pas au-delà de 23h30, sauf dérogation spéciale ; le règlement de la salle prévoit même que les entre-actes soient les plus rapides possibles ! Au grand dam sans doute du sieur Escarel, limonadier local officiant à la buvette du théâtre à la Belle Époque.

Parti sans payer !

« Monsieur le préfet, j’ai l’honneur de vous adresser une réclamation du directeur de l’usine à gaz de Rodez qui se plaint de n’avoir pas été payé par un Sieur Chauloux pour l’éclairage de la salle de spectacle de Rodez pendant les mois de juin, juillet, août et septembre. Si le sieur Chauloux a donné des représentations à Rodez, c’est probablement avec une autorisation spéciale mais en tous cas irrégulière. Il n’est directeur d’aucune troupe et ses mauvais antécédents m’eussent empêché de le nommer s’il m’avait été présenté […] ».

Le ministre d’État au préfet de l’Aveyron, 1856

À Villefranche-de-Rouergue, des bravos… épisodiques !

Tout au long du XIXe siècle, les Villefranchois applaudissent plus rarement que leurs voisins ruthénois des artistes professionnels de passage. À partir de 1811, c’est à l’intérieur d’un local public qu’ils se divertissent ; au milieu du siècle, ils peuvent être jusqu’à 450 à prendre place sur les banquettes d’une salle jugée en mauvais état. La ville attend 1898 pour se doter d’une nouvelle salle de spectacle aménagée dans l’ancien Palais de Justice de la ville, quai de la Sénéchaussée.

De rares virées en dehors des sentiers battus…

Les comédiens de passage en Rouergue ne s’aventurent guère en dehors de Rodez, Millau et Villefranche-de-Rouergue. À Saint-Geniez-d’Olt dans les années 1810, certains se produisent dans la salle du tribunal de commerce installée dans les anciens bâtiments du Monastère des Augustins ; au milieu des années 1840 et au début de la décennie 1860, Decazeville est également visitée, sans doute dans un lieu chichement aménagé.